Le triangle dramatique

Selon Eric Berne, fondateur de l’A.T., un jeu psychologique est une stratégie périmée de l’enfance, que nous répétons à l’âge adulte, de façon inconsciente, au lieu de réellement communiquer à l’autre notre ressenti, nos vraies pensées… C’est donc un échange verbal pernicieux, qui peut pourtant avoir l’air anodin, mais dans lequel les deux protagonistes vont jouer inconsciemment les rôles de Sauveur, de Persécuteur, ou de Victime

Qu’est ce qu’un jeu psychologique ?


Selon Eric Berne, fondateur de l’A.T., un jeu psychologique est une stratégie périmée de l’enfance, que nous répétons à l’âge adulte, de façon inconsciente, au lieu de réellement communiquer à l’autre notre ressenti, nos vraies pensées…

C’est donc un échange verbal pernicieux, qui peut pourtant avoir l’air anodin, mais dans lequel les deux protagonistes vont jouer inconsciemment les rôles de Sauveur, de Persécuteur, ou de Victime.


Il faut savoir que chaque individu adoptera tôt ou tard et obligatoirement les autres positions (victime, persécuteur, sauveur)

Un sauveur devient victime s’il n’obtient pas la reconnaissance espérée et devient automatiquement le persécuteur de la victime qu’il a voulu sauver contre son gré et qui ne lui est pas reconnaissante. 

Nous avons tous à jouer plus d’un rôle.



Pourquoi joue-t-on ?


Nous jouons parce qu’au fond, il existe un bénéfice : c’est une façon de ne pas vraiment dire ce que l’on a sur le cœur.

Si l’on ne parvient pas à donner à l’autre son ressenti, à dire son malaise, à verbaliser une sensation gênante sans tomber dans l’accusation, alors on utilise quasi automatiquement le jeu psychologique et son terrible « triangle dramatique » constitué des 3 rôles précités.

Les jeux psychologiques sont très répandus, et au fond très pervers. Voici quelques clés pour les repérer…

Le démarrage du jeu…

Tout jeu commence en général par un appât (un piège). Je lance mon appât et j’attends que l’autre morde à mon hameçon… L’autre, de son côté, peut très bien ne pas entendre cet appât ou choisir de ne pas rentrer dans le jeu et de « glisser dessus » mais s’il mord à l’hameçon, alors le jeu commence…

Un exemple concret : Bernadette aimerait que son mari Bernard passe plus de temps avec elle, elle aimerait entendre qu’il la trouve encore jolie, elle aimerait recevoir plus de tendresse de sa part. Seulement Bernadette n’a jamais réussi à communiquer à Bernard ses vraies émotions… Souvent, elle n’a même pas conscience qu’il serait bénéfique de lui parler de tout ceci, et qu’elle en ressortirait soulagée.

Voici comment peut se dérouler un jeu entre Bernadette et son mari Bernard :


BernadetteBon… eh bien j’ai tout rangé toute seule puisque tu étais encore au téléphone…

Nous avons là un bon mélange de Victime tout d’abord, puis de Persécuteur ensuite, avec un reproche sous-jacent, et 3 appâts facilement identifiables.

BernardRhooo !! C’est pas possible !! Si seulement « Madame » était capable de patienter 5 minutes, j’aurais pu venir l’aider !

Bernard a mordu à l’hameçon, il répond alors en tant que Persécuteur à son tour, en semant de nouveaux appâts, sur lesquels se jette Bernadette :

Bernadette5 minutes ? Non mais tu plaisantes ? Ça fait une heure que tu discutes moteur avec ton collègue ! (Persécuteur) et moi, je rentre crevée après une journée éreintante au boulot, et je me coltine tout… (Victime)

Bernard Et oui, j’ai toujours eu tous les défauts du monde de toutes façons… mais c’est pas nouveau : ici ou au boulot, personne ne se met à ma place… (Victime) Allez, bon, puisque c’est comme ça, prend ton manteau, je t’emmène au resto ! ça te va ? (Sauveur)


Résultat des courses : Bernadette n’a pas dit ce qu’elle avait réellement sur le coeur (le souhait de

passer plus de temps avec son mari, etc.) elle sort donc du jeu frustrée, insatisfaite. Bernard, lui, agacé,

a rompu le jeu en se positionnant en Sauveur, mais rien n’est arrangé pour lui non plus…


Comment sortir d’un jeu psychologique ?


1. La première étape est de repérer les appâts lancés par l’autre (ou par soi-même). Ces petites phrases assassines, qu’on appelle dans le langage courant des « piques » sont de vrais poisons relationnels. Ils représentent, en langage A.T., de véritables appâts destinés à inciter l’autre à entrer dans un jeu psychologique.

2. La deuxième étape consiste à se positionner dans l’Adulte : oser partager une réelle intimité ; oser être vrai ; dire le fond de sa pensée en ne parlant que de soi, du sentiment éprouvé, et en étant bien vigilant de ne pas accuser l’autre ou de ne pas dissimuler un reproche.

3. Troisiéme étape, la meilleure façon de ne plus continuer le cercle vicieux de ces échanges malsains, c’est encore de comprendre pourquoi on a joué à ce jeu.

Les jeux psychologiques cachent toujours un message caché, un sentiment caché.

Il est fort utile de porter son attention sur ce message caché : quel est notre objectif au fond ? (ici, le sentiment caché de Bernadette est l’envie de passer plus de temps avec son conjoint, de se sentir plus aimée par lui…). Un moyen plus adéquat pourrait être par exemple de communiquer à l’autre, de façon calme et posée, sans l’accuser, et sans incarner le rôle de la Victime, que l’on ressent l’envie de passer davantage de temps avec lui, que son regard attentif sur nous nous procure un bien fou et nous rend heureux. La réponse aurait probablement été toute autre… Maintenant, il est important de souligner que si Bernadette est en « attente désespérée » de recevoir le regard de son mari, et que ce but là représente absolument tout ce qui compte pour elle, là, c’est une autre histoire…


Quelques jeux courants :

Il existe bien sûr des centaines et des centaines de jeux psychologiques, néanmoins, certains d’entre eux sont très récurrents. Ils ont été listés par les experts de l’A.T., et nommés. En voici certains :



« Jambe de bois »

Le joueur montre à l’autre sa jambe de bois : il met l’accent sur tout ce qui lui arrive d’ennuyant ou de terrible. « Non, je ne peux pas venir avec vous ce soir, ma voiture est encore en panne, d’ailleurs le garagiste m’a demandé 200 euros alors que je n’ai plus un sou, j’ai tout utilisé pour payer ma dernière opération du genou vu que ma mutuelle ne m’a quasiment pas aidé. Puis je n’ai plus rien à me mettre pour sortir à part des guenilles, et sincèrement regarde un peu ma ligne : j’ai pris 6 kilos ces derniers mois… En plus, tu sais bien que je ne vais rien pouvoir manger de tout ce qu’on va me proposer avec mon diabète… Ah ça, c’est sûr que si Jean-Jacques arrêtait de me tromper, je n’en serais pas là… » En jouant à ce jeu, cette personne incarne à merveille le rôle de la Victime et fait savoir qu’on ne peut rien attendre d’elle. Son but inconscient est de se faire plaindre et/ou de montrer qu’elle n’a pas la responsabilité de résoudre ses propres problèmes.


« J’essaie seulement de t’aider »

Le joueur cherche à montrer que si seulement on l’écoutait, tous les problèmes seraient résolus. Son but est de s’étonner, au final, que les gens ne lui soient pas plus reconnaissants, afin de s’autoriser un certain dédain et se sentir en position de supériorité. On entend alors les termes suivants : « Oh mais c’est simple, il suffit que tu… », « Moi à ta place, je ferais tout le contraire… » ou « Voilà ce que tu vas faire… » ou encore « Tu devrais plutôt agir comme cela… » Il passe de la position initiale de Sauveur, à celle de Victime, voire même Persécuteur s’il l’on refuse ses conseils.


« Regarde ce que tu m’as fait faire »

Le joueur prétend que ce qui lui arrive n’est pas de sa responsabilité, « C’est pas ma faute, j’ai suivi son conseil ! » Son but est de se débarrasser de sa propre peur en culpabilisant quelqu’un d’autre pour ne surtout pas être fautif.


« Pardonne-moi »

Le joueur de ce jeu collectionne les gaffes pour ensuite se faire pardonner. Son but peut être, soit effectivement de recevoir l’attention de l’autre et son pardon, soit d’être remis à sa place, et d’être ainsi confronté à une limite. Une bonne voie pour tenter d’arrêter le jeu : l’humour : « Puis-je te donner autre chose à casser ? »


« Je te pardonne »

Le joueur de ce jeu trouve un moyen de se faire maltraiter pour ensuite être dans le rôle de celui à qui l’on demande des excuses, et se sentir investi du pouvoir d’accorder son pardon.

N’oubliez pas que dans beaucoup de cas, les jeux sont inconscients, et souvent le joueur ne se trouve pas dans une grande lucidité quant au bénéfice qu’il cherche à en retirer. Vous êtes invités à rester indulgents et le coeur ouvert avec votre entourage comme avec vous-même quand vous repérez ces jeux…


Deux questions peuvent aider à se rendre compte par soi-même de la présence des jeux dans sa vie :

1) Quel est le message caché que je cherche à envoyer en disant cela ?

2) Quel est le message caché que l’autre est en train de m’envoyer ?